L’hypersexualité, le corps, et l’addiction au sexe.
16 janv. 2020
Reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme des troubles du contrôle des habitudes et des impulsions. Traduction psychiatrique contextuelle « Besoin irrésistible d'accomplir un acte incontrôlable. » Donc l’addiction au sexe échappe au contrôle de ceux ou celles qui en sont victime.
L’hypersexualité, le corps, et l’addiction au sexe.
Première partie
1) L'addiction au sexe, qu’est-ce que c’est ?
Reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme des troubles du contrôle des habitudes et des impulsions. Traduction psychiatrique contextuelle « Besoin irrésistible d'accomplir un acte incontrôlable. » Donc l’addiction au sexe échappe au contrôle de ceux ou celles qui en sont victime.
C’est la seconde fois que je traite ce sujet. Je constate lors de mes consultations, cette difficulté de lâcher prise et j’ai voulu pour cet article me rapprocher davantage de l’être, de son rapport au corps. Sophrologue et thérapeute, j’ai constaté ces dernières années des patients en souffrance scindant cette addiction, sans l’aborder dans son ensemble : le corps et l’esprit lié dans l’épreuve générée. Ce témoignage résume bien la manière dont je vais articuler mon post.
"Me masturber était la seule manière de calmer mes crises d’angoisse liées aux problèmes du quotidien, les questions d’argent surtout. Une pulsion irrépressible m’envahissait, je devais le faire. Après, j’étais rassuré, ça allait mieux, mais je me sentais sale."
Un mécanisme psychique se met en place :
« Tension/Masturbation/Apaisement».
La masturbation est le recours « pour calmer l’angoisse ». Le cerveau lui attribue un effet positif (disparition de l’élément anxiogène). Angoisse, dérivatif, masturbation etc. Ces phases vont être de plus en plus rapprochées. L’esprit va associer la masturbation à l’apaisement des tensions. C’est le même principe qu’une addiction naissante dans cette phase. Lors de mon mémoire de fin d’étude, j’ai mis en évidence ces comportements, leurs implications dans la vie de ceux et celles qui en sont victime. La neuroscience défini ces mécanismes. Je précise qu’avant l’addiction des phases précèdent.
Comment la recherche de plaisir se transforme en besoin ?
1) La consommation répétée entraîne des modifications cérébrales fonctionnelles et structurelles de plusieurs neurocircuits, dont ceux de la récompense, mais surtout ceux impliqués dans la gestion des émotions, de l’humeur, de la motivation et des apprentissages pouvant affecter les habitudes comportementales et les capacités d’adaptation. Petit à petit, ces modifications changent les propriétés motivationnelles : s’ils ont été pris initialement par plaisir, ils le sont ensuite essentiellement par besoin, avec d’importantes routines comportementales liées aux conditionnements.
2) La seconde étape, l’usage intensif, soutenu et en augmentation commence par une augmentation de la fréquence, de la quantité de sexe consommé, ainsi que de la motivation pour cette dernière. Ce mécanisme s’intensifie et devient plus soutenu.
3) Des problèmes liés aux fréquences apparaissent mais ne sont pas suffisamment importants pour susciter des tentatives d’abstinence. Cette seconde étape est la première phase modérée, au cours de laquelle l’individu consomme plus de sexe, d’image à caractère sexuelle, mais son comportement reste organisé et il est généralement bien intégré dans la société. Tous les patients n’évolueront pas vers la dépendance. Pour les patients qui deviendront dépendants, il convient de s’interroger sur les conditions de l’installation de cette dépendance psychique.
Quels types d’émotions caractérise l’hypersexualité ?
Insomnie, honte, fureur ressortent du travail thérapeutique. Ces mots sont forts et ils expriment une vraie souffrance postérieurement à ce mode d’apaisement utilisé. Ces personnes sont dans une situation psychique d’auto culpabilité. Elles se dénigrent poursuivant le cycle d’une auto-culpabilité. A ce stade le travail thérapeutique va aider à comprendre, dans la tolérance et l’écoute inconditionnelle.
L. (pseudonyme) raconte son addiction au sexe, mettant en lumière la souffrance générée par cette dépendance. Se masturber six fois par jour, passer des heures à collecter des images ou films pornographiques sur Internet, devoir impérativement, passer des appels compulsifs sur les réseaux téléphonique… Tous ces symptômes provoqueraient, entre autres, insomnies, sentiments de honte, tristesse, fureur ou encore pensées suicidaires, justifiant selon ces témoignages une véritable prise en charge médicale et/ou thérapeutique.
Ce témoignage n’est pas le seul car cette addiction peut aussi concerner des couples qui ont basé leur rencontre sur cette problématique commune
Y. "Concrètement, il fallait utiliser un 'virus' pour éviter de passer à l’acte quand ça me reprenait, explique cette fois Y, qui a suivi une thérapie comportementale et cognitive. Moi, j’allais me promener, ce qui m’éloignait de mon ordinateur et coupait mes angoisses. Mais, au début, ça ne réussissait pas toujours. Alors, pour limiter mes visionnages de porno, j’avais un minuteur à côté de moi. Il sonnait au bout de 30 minutes. Petit à petit, j’ai fini par diminuer la dose."
Pour l’Association américaine de psychiatrie, l’addiction sexuelle est encore une dépendance méconnue des scientifiques, qui peinent à trouver un traitement adapté. Aucun médicament n’arrive actuellement à en venir à bout. Les thérapies comportementales et cognitives obtiennent des résultats. Elles mettent en lumière "la vulnérabilité profonde des patients", au quotidien, qui, faute de prise en charge médicamenteuse, risquent de tout perdre -travail, famille, amis. Cette aide doit être adossée à une prise en charge psychiatrique comme toutes les addictions.
Selon l’institut fédératif des addictions comportementales (Ifac), aucune donnée chiffrée n’existe actuellement sur l’addiction sexuelle en France. Aux États-unis en revanche, "ce serait entre 3 et 6 % de la population générale qui aurait des comportements sexuels compulsifs. Ils seraient à 80 % de sexe masculin".
Un petit test pour savoir si vous êtes dépendant sexuellement
Pour vous aider à répondre à la première question, il existe un petit test. Il s’agit de répondre par oui ou non aux différentes questions :
1. Avez-vous été victime d’abus sexuel pendant l’enfance ou l’adolescence ?
2. Vous êtes-vous abonné ou avez-vous régulièrement acheté des revues érotiques ?
3. Vos parents avaient-ils des troubles sexuels ?
4. Êtes-vous souvent préoccupé par des pensées de nature sexuelle ?
5. Avez-vous le sentiment que votre sexualité n’est pas normale ?
6. Votre partenaire a-t-il (elle) déjà souffert ou s’est-il (elle) plaint(e) de votre comportement sexuel ?
7. Avez-vous des difficultés à maîtriser votre comportement sexuel quand vous savez qu’il n’est pas approprié ?
8. Vous êtes-vous déjà senti mal à l’aise vis à vis de votre comportement sexuel ?
9. Votre comportement sexuel a-t-il déjà été à l’origine de difficultés pour vous et votre famille ?
10. Avez-vous déjà recherché de l’aide pour un comportement sexuel que vous n’aimiez pas ?
11. Avez-vous déjà craint que des personnes puissent se renseigner sur vos activités sexuelles ?
12. Est-ce que quelqu’un a déjà été choqué moralement par vos pratiques sexuelles ?
13. Vous êtes-vous déjà fait la promesse d’abandonner certains aspects de votre sexualité ?
14. Avez-vous déjà fait des efforts et échoué pour abandonner un certain de comportement sexuel ?
15. Devez-vous dissimuler certains aspects de votre sexualité aux autres ?
16. Avez-vous tenté d’arrêter certaines de vos activités sexuelles ?
17. Vous êtes-vous déjà senti dégradé par votre comportement sexuel ?
18. Le sexe a-t-il déjà été pour vous une façon d’échapper à vos problèmes ?
19. Vous sentez-vous déprimé après un rapport sexuel ?
20. Avez-vous ressenti le besoin d’espacer une certaine forme d’activité sexuelle ?
21. Votre activité sexuelle a-t-elle déjà interféré avec votre vie familiale ?
22. Vous sentez-vous dirigé par votre désir sexuel ?
23. Pensez-vous parfois que votre désir sexuel est plus fort que vous ?
Article écrit par Thierry MIGNON
Sophrologue-Psychothérapeute
GSM : 07.70.01.32.65